Les bandes dessinées de la collection Tarzan qui parurent de 1946 à 1956 furent les premiers fascicules en récit complet consacrés uniquement à Tarzan. Il s'agit de fascicules au format d'environ 31,5x24, avec une couverture en couleur qui reprend des scènes des histoires publiées à l'intérieur, mais redessinées, et un contenu en noir et blanc. Le nombre de pages, initialement de 20, passe à 16 à partir du numéro 9. Les quinze pages comporteront la plupart du temps la bande dessinée Tarzan mais on trouvera dans certains numéros une bande dessinée humoristique.

Chaque fascicule possède un titre, lequel ne correspond pas forcément au contenu du numéro. Les quatre premières parutions sont numérotées dans le haut de la page, au cinquième la numérotation est placée dans le bas de la page en chiffres romains et ce jusqu'au fascicule cent deux. Le même principe sera utilisé pour la seconde série.

De quoi se compose de cette collection ? Une réponse lapidaire serait : de tout, et présenté n'importe comment !

Mais soyons quand même plus précis. On va trouver beaucoup de bandes quotidiennes, ainsi que des planches du dimanche, le tout recadré, tronqué, altéré. Même en ayant sous les yeux l'édition française et une version originale, on a parfois du mal à établir les correspondances. Par chance, les numéros de bandes et de planches apparaissent parfois. Beaucoup de ces histoires paraissaient également dans l'hebdomadaire Tarzan.

Les quatre premières parutions étaient prometteuses car elles publiaient les pages du dimanche de Hogarth. Débutant avec "Tarzan et les peuples du feu et de la mer", cet épisode se terminait à la page 14 du n° 3, la suite logique étant "Tarzan contre Dagga Ramba". Cette histoire fut brusquement interrompue avec la dernière page du n° 4. Le lecteur pouvait lire à la dernière vignette de ce numéro "Tarzan sera-t-il récompensé de sa magnanimité envers le cruel tyran ? Vous le saurez en lisant le prochain album de la collection." Or, au numéro suivant, grande surprise ! Plus de suite de l'épisode précédent. Les éditeurs auraient-ils eu peur de choquer les jeunes lecteurs en montrant 26 pages plus loin la mort de Dagga Ramba (Tarzan le tue en lui transperçant le corps d'un sabre) ?

Chaque page correspond à une planche originale, et la reproduction est somme toute assez correcte. "Tarzan et les peuples du feu et de la mer" (dont il manque toutefois la première page) sera réédité en 1965 aux éditions C.E.L.E.G.

Le n° 5 sur la couverture couleur annonce en grandes lettres "Tarzella". Avec ce fascicule débutent les bandes journalières de Rex Maxon, elles ne seront jamais publiées dans l'ordre de parution aux U.S.A. Ainsi les numéros 5 à 12 contiennent les bandes n° 174 à 722. À la fin du n° 12 il écrit "Qui sera vainqueur des féroces squales ou de Tarzan ? Vous le saurez en lisant le prochain album." Ni le prochain ni aucun autre fascicule de cette collection n'a jamais publié la suite de cet épisode.

Le n° 13 débute avec une autre bande de Maxon, les 13 et 14 contiennent les bandes quotidiennes du 17 janvier 1938 au 7 mars 1939, ils sont l'adaptation du film Tarzan l'intrépide. Avec la parution du n° 15 et 16 c'est le retour de Tarzan en pagne peau de daim avec les bandes n° 1 à 173. Les n° 17 à 21 comportent les bandes journalières de William Juhré qui remplaça Maxon pour les bandes quotidiennes durant l'année 1938-1939.

La collection va ensuite alterner les adaptations de romans dessinées par Rex Maxon ou William Juhré et les récits originaux par Rex Maxon. Si ces dernières bandes sont publiées dans leur quasi-totalité, toutes les adaptations ne sont pas parues. Il s'agit de la période de la Collection Tarzan la plus intéressante pour le collectionneur, vu qu'il n'y a que là que sont parues ces bandes de Maxon.

Grand chambardement avec le numéro 73 qui voit l'arrivée de la bande quotidienne par Burne Hogarth, suivi par Dan Barry, John Lehti et Paul Reinman. On a le droit à une parution en continuité des aventures "Tarzan au cœur de la Terre", "Tarzan et le diamant d'Ashra" (la version originale de Tarzan et la cité interdite) et "Tarzan et les feux de Kohr".

Pour le 81 et le 82, retour en arrière avec la toute première bande dessinée Tarzan, dessinée par Hal Hoster. Signalons une curiosité : l'éditeur a rajouté un passage lors du séjour de Tarzan à Paris. Il s'agit d'une dizaine de bandes dessinées par René Brantonne qui montre un Tarzan ovationné par les Parisiens pour bien prouver à la jeunesse française l'existence de notre héros.

Au n° 83 retour inattendu des pages du dimanche de Hogarth, ce numéro ne contient que les planches 922 à 947 de l'épisode de "Tarzan dans l'île de Mua Ao" qui en compte 51, l'éditeur a donc supprimé 25 pages !

La collection va ensuite alterner les pages du dimanche de Burne Hogarth et les bandes quotidiennes de Paul Reinman, Nick Cardy puis Bob Lubbers.

Le fascicule 87 contient ce qu'on a pu faire de mieux dans le genre "déformation". Jamais planches du dimanche ne furent autant tripatouillées. "Tarzan et les Ononos" de Hogarth qui comprend 25 superbes pages étant ici réduites à 15. À juste titre ce "récit complet" peut être considéré comme une pièce de collection, à conserver ou à rechercher ! Les têtes géantes des planches originales sont ici devenues de banals pygmées….

Les numéros 91 à 93 constituent une partie seulement de "Tarzan et les barbares". C'est l'adaptation des planches n° 594 à 623 du 14 février 1943 soit au total 30 pages, transformées en 45 pages ! Obtenues grâce à la magie de "l'art" de l'agrandissement et la réduction en long et en large des vignettes, et la suppression des dessins "gênants". Le n° 91 nous offre en prime dans la dernière page une vignette de Rex Maxon !

Obéissant toujours à leur logique particulière, les Éditions Mondiales proposent dans le numéro 94… "Tarzan et les Aventuriers" de Hogarth.

Dans les numéros 95 à 97, on peut lire l'histoire "Tarzan et l'or des pirates" dessinée par Nick Cardy et terminée par Bob Lubbers. Petite curiosité : le scénario est de Burne Hogarth.

Dans le numéro 97, on a la fin des planches du dimanche de Burne Hogarth et le début de celles de Bob Lubbers, jusqu'au 99. On enchaîne suite sur les bandes quotidiennes du même auteur.

Cette collection s'arrête au numéro 102, mais elle est remplacée par "Collection Tarzan" Nouvelle Série, qui commence au numéro… 4.


LA NOUVELLE SÉRIE

La première série s'arrête au 3ème trimestre 1952 et la nouvelle commence au 2ème trimestre 1956. Elle durera jusqu'en 1956, année qui sonna le glas des parutions Tarzan en France.

Jusqu'au numéro 14, on retrouve exclusivement Bob Lubbers, avec un joyeux mélange de bandes quotidiennes et de planches du dimanche. Du 14 jusqu'au dernier numéro, le 25, les éditeurs font encore plus fort vu qu'on a cette fois un mélange bandes quotidiennes /planches du dimanche/Bob Lubbers/John Celardo.


Aujourd'hui on peut se poser la question : pourquoi avoir publié d'une façon compliquée tantôt les bandes quotidiennes et les planches du dimanche, alors qu'à leur arrivée des U.S.A. le matériel était prêt à l'emploi, l'unique travail étant de faire la traduction des textes ? Même si les éditeurs eurent à subir la pression de certains milieux bien-pensants de l'époque, il n'était pas pour autant nécessaire de mélanger dans une même collection les deux formes de publication de Tarzan dans cette longue série de la Collection Tarzan.

En comparant les pages de ces fascicules avec certains originaux que nous pouvons posséder, il est permis de dire que les responsables de la rédaction ont dû passer beaucoup de temps à remodeler la présentation primitive de cette longue production artistique. Malgré ces nombreux remaniements cette collection offre un grand nombre de bandes journalières et quelques pages du dimanche qui ne furent publiées ni avant ni après leurs parutions dans cette collection. Je pense notamment à certaines pages du dimanche de Lubbers et Celardo.

La majeure partie des couvertures portent une signature difficile à lire sauf le n° 4 qui porte un nom G. Lefevre. Il semblerait que les couvertures des n° 61 et 62 aient été faites avec des dessins d'origine française, pas très convaincants d'ailleurs. Comme d'autres parutions de cette époque, la collection Tarzan fut aussi vendue en album reliés contenant 9 à 10 numéros par reliure.

Pour le collectionneur qui tente de rechercher les anciennes bandes dessinées Tarzan, cette collection offre un large éventail de ce qui a été dessiné dans le passé. D'autre part, certaines bandes de cette collection ne sont pas parues dans l'hebdomadaire Tarzan.

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